Pierre Fabre (détail) dans les jardins de la Fondation Pierre Fabre, Castres, 18 juillet 2014

 

Stephan Balkenhol : l’homme et les hommes

DSC_2086Né en 1957, Stephan Balkenhol est un sculpteur allemand, vivant entre Meisenthal (Moselle) et Karlsruhe (Allemagne) où il enseigne à l’Académie des Beaux Arts. Comme Yan Pei-Ming, il développe une double culture qui lui permet, depuis la France, de « s’envisager autrement ».  À l’opposé des tendances conceptuelles de l’époque, il réinvente le figuratif comme une manière de « réapprendre à regarder » dans un monde saturé d’images. La figure humaine l’attire particulièrement, une figuration qu’il conçoit à la fois comme « un écran et un miroir » : voir l’autre, c’est aussi « se voir soi-même » et voir l’humanité en chacun de nous. Pour Stephan Balkenhol, le choix de la taille directe du bois empêche de « tricher ». Et s’il choisit le bronze pour la plupart de ses projets en extérieur, comme ici, c’est avec la même exigence de ne rien masquer de la création originelle et de la trace des outils.

 

DSC_2085Depuis deux ans, Stephan Balkenhol a accepté de réaliser des statues de personnages historiques : Richard Wagner à Leipzig en 2013, Jean Moulin en gare de Metz inaugurée le 10 juillet 2014 par la Ministre de la Culture. Pierre Fabre prend ainsi place dans une prestigieuse lignée : « un pharmacien qui voulait aller plus loin, un chercheur amoureux des plantes » selon les mots du sculpteur. La statue est sobrement fixée sur un granit en provenance du Sidobre, à côté de Castres, et Pierre Fabre tient derrière son dos un brin de « petit houx », le ruscus, cette plante vernaculaire du Tarn à l’origine de la première spécialité du Laboratoire. La sérénité, l’économie de gestes et paradoxalement la puissance qui se dégagent de la statue servent le caractère de Pierre Fabre qui a consacré « sa vie à son entreprise, à son travail, à la recherche, et bien sûr aux hommes ». Les couleurs sont volontairement sobres, « la peau couleur bronze, matière brute ». Mais ce sont par elles, comme par les traces visibles des gestes de l’artiste que la sculpture exprime toute sa présence : la statue redonne vie.

 

 

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