A l’origine de l’idée et du rapprochement entre les FRAC et SNCF Gares & Connexions fin 2011, qui a donné naissance à cet évènement, célébrant les 30 ans des FRAC dans 30 gares de 21 régions en 2013, entreprisecontemporaine® est également à l’origine du choix, en collaboration étroite avec les FRAC concernés, d’une quinzaine d’oeuvres montrées dans les gares en 2013, y compris Alain Bublex à Montpellier (production avec Vinci Construction France) et Franck Scurti à Toulouse (médiation avec les Laboratoires Pierre Fabre).
En voici l’une d’entre elles:
Marylène Négro, Eux/Them, gare de Perpignan, été 2013
© Marylène Négro et FRAC LR
© photo entreprisecontemporaine 2013
Premier regard
Dans ces 5 portraits de mannequins pour vitrines de magasins, issus d’une série de 168 photographies, les visages sont durs, lisses et sans défauts, dépourvus de toute expression. Fixés sur le spectateur, leurs yeux vides nous fixent de manière d’autant plus obsédante.
Deuxième regard
C’est à travers la vitre des magasins que l’artiste a capturé ces portraits, cadrés au plus près. Emprisonnés dans leur vitrine, ces « clones de plastique » inversent le rapport de regardeur à regardé. Le malaise naît alors de l’artificialité de leur apparence, qui ne peut que renvoyer à celle de cette « dictature de la beauté » prônée par nos media contemporains.
Regard sur l’histoire
Le rêve d’une beauté parfaite hante les peintres depuis longtemps : Ingres, au XIXe siècle, n’hésite pas à allonger, distordre, disloquer les belles de ces tableaux, pour les rendre plus saisissantes. Dans le portrait qu’il fait de Mme Moitessier (1856, Londres, National Gallery), il n’hésite pas à placer dans un miroir le reflet d’une sculpture antique, suggérant en ceci que l’œuvre est un artifice et non la nature elle-même.
Regard sur la société
La série TV suédoise Real Humans récemment diffusée par Arte nous projette dans un futur proche où nous aurions tous chez nous nos HuBots (pour Human Robots), nous renvoyant à cette image d’un Autre idéal, mannequin articulé humanisé à s’y méprendre, asservi à nos moindres besoins, nos moindres désirs. Rêve ou cauchemar futuriste ?
Marylène Négro
Née en 1957 à Tronche (Rhône-Alpes), vit et travaille à Paris. Marylène Negro s’intéresse à notre capacité à créer du lien dans un monde où nos vies virtuelles s’immiscent de plus en plus dans nos vies réelles.